À mes flancs sans savoir J'ai des hameçons qui Chopent des morceaux Du passé Et je traîne mes lignes Mes harpons, mes Crochets et je traîne mes Regrets À mes flancs S'accumulent encore Bien frétillants les choix Que je n'ai pas faits Les photos, les cahiers Les amours, les enfants Les vies que j'ai rêvées À mes flancs, je suis Flanquée de toute la Panoplie des années, ça M'angoisse Je passe plus dans les Portes des bistrots sans Forcer les côtés qui Dépassent À mes flancs lorsque je Me retourne, ça veut Plus, ça suit plus, ça Peut plus Et ça me taille une Culotte de cheval en Forme de regret et c'est Laid J'ai l'encyclopédie en 80 Volumes des horreurs Que j'ai bavé J'ai le décompte des Fois où j'ai dit que j'étais Nulle où je me suis Pardonnée Y'a même un sudoku Que j'ai jamais fini parce Que j'arrivais plus J'ai des casseroles au cul Qui font tellement de Bruit quand j'avance que J'avance plus J'ai un monstre qui Fume, j'ai une louve qui Dévore le monstre qui Fume, j'ai déjà quelques Morts J'ai des flux qui M'échappent Des passions qui S'endorment, des envies Toujours inassouvies J'ai des femmes Meurtries en pagaille Qui sont toutes moi, qui Me sortent des yeux Qui me lâchent plus les Entrailles J'ai des hommes Blessés, qui me restent Agrippés, qui supplient Que j'arrête de les aimer J'ai des orgasmes au Bide qui me le laissent Vide et avide, et béant J'ai du sang circulant Tous les mois à mes Flancs, s'écoulant Recyclé, recraché À mes flancs j'ai un Cri poussé comme un Esclave des langues déjà Inventées À mes flancs je trimballe Des pensées empruntées Triomphantes, puis Jetées! À mes flancs j'ai un rêve Mais ça c'est moi qui le Tiens, je le lâche pas, je Le lâche pas Ça doit vouloir dire ça Vivre, j'en sais rien, ça Fait peur, mais je lâche Rien