A cinq heures, un quatre novembre Le ciel était couleur de soufre Et le premier noir que j'ai vu Courait avec un arrosoir Un arrosoir plein de mazout Un peu plus tard, j'ai vu les flammes Il parait que toutes les voitures y sont passés Y compris la Bentley de Monsieur J'ai aussi entendu des cris J'ai vu des gens qui défilaient Pour les uns Une bien belle journée Pour les autres A cinq heures, un quatre novembre Le ciel était couleur de soufre Et le premier Blanc que j'ai vu Brandissait une carabine Il a tiré cinq, six cartouches Sur les noirs qui poussaient des cris Puis il s'est versé un whisky Ce monsieur-là C'était Monsieur Moi, j'arrivais pour être fille A cinq heures, un quatre novembre Le ciel était couleur de soufre Et, ce jour-là, précisément On praclamait l'indépendance Rigolo, non? Des mois que je préparais mon coup Des mois que je rêvais au jour où Je cesserais de vendre de la pacotille Dans une ridicule boutique de la Chaussée d'Antin Pour être enfin putain Putain: Mon rêve! Des mois que j'économisais Pour pouvoir acheter des dentelles, des bras noirs Des frusques amoureuses, des affûtiaux pervers Du linge intéressant, quoi Des mois que j'inventais des caresses dans ma tête Et des baisers et pire que ça Des mois Et, un lundi, dans un bureau de tabac La Providence: Un Corse qui connaissait la filière Il m'a tout donné: L'heure du bateau, le prix du voyage Et il a fallu que je débarque précisément Ce foutu quatre novembre! Putain Moi, je n'ai pas pu l'être Le lundi, ce quatre novembre-là Le bordel ferma ses portes Et toutes les filles s'en allèrent Moi, je suis restée Pas pour faire la putain Pour soigner la goutte de Monsieur