Aujourd’hui Premier Juillet La Terre a trois milliards d’habitants Personne n’a été capable D’écrire ce simple télégramme: Je t’aime Puis-je venir? Signé Gaston Aujourd’hui, les femmes ont rêvé Qu’elles faisaient l’amour avec leur père Des bonnes ont quitté les familles bourgeoises L’injure à la bouche Les testicules des hommes ont remonté Et ils les ont attachés avec des bouts de laine torsadés Des petites filles de l’âge de pierre Ont chanté dans les trains Des mélopées sauvages ignorées de leurs mères La réponse à tous les télégrammes Envoyés par les gens a été Reste où tu es Quant à moi, je ne suis pas morte au Soudan De temps en temps le téléphone crie Et il faut lui donner à boire La radio, elle, a commencé À diffuser des vieilles rengaines En Italie il y a des chemises grises Ici, on a beaucoup reparlé De la chaude-pisse des Algériens C’est le signe qu’une chose grave va se passer Mais très loin, là, dans la rue, près de cette table, là Les CRS se massent partout Comme des buissons de mûres Premier Juillet, l’essence est au pouvoir Ça va sauter d’une seconde à l’autre Les chauffeurs de taxi répandent partout le bruit Que la peur n’évite pas le danger Les roses remettent ça Le foin remet ça Les abeilles remettent ça Les chats se frottent contre les gens Et on ne manque pas de faire observer une fois de plus Combien ils sont égoïstes