Et l'inconnu dans la maison frappe à la porte du cœur Il est le maître des lieux, capitaine de la douleur Il est l'heureux propriétaire de nos désirs, de nos leurres Il est matière aux premières, à nos cauchemars À nos cauchemars et à nos peurs Et l'inconnu dans la maison croit que c'est quelqu'un d'autre Un intrus, un vagabond, un fâcheux ou un apôtre Un voleur, un assassin, au secours, on me menace Il y a chez moi quelqu'un qui va finir Finir par prendre ma place Mais ce n'est que soi Que l'on croise là On n'est jamais comme l'on croit Oui ce n'est que soi Que l'on aperçoit Au détour d'un miroir Et soudain, tiens Le voilà, le voilà, le voilà Oh l'inconnu dans la maison, c'est en son nom qu'on trébuche Que l'on en perd la raison, c'est lui qui sème nos embûches C'est un enfant de mille ans, un vieillard qui botte en touche On l'aperçoit par beau temps au coin d'un rêve Au bout d'une langue qui fourche L'inconnu dans la maison, il voudrait qu'on s'en occupe Qu'on l'installe dans le salon, qu'on le cajole, qu'on l'écoute Et plus on veut s'en défaire, plus il nous fait la déroute Et plus on veut le faire taire, plus il nous hante À cœur et à cris de ses doutes Mais ce n'est que soi Cet inconnu là On n'est jamais comme l'on croit Oui ce n'est que soi Que l'on aperçoit Au détour d'un miroir Et soudain, tiens, tiens Le voilà, nous voilà Et l'inconnu dans la maison, il nous laisse tout en désordre Il ouvre fenêtres au vent, déplace et renverse les meubles C'est un voyou, un tyran, un amateur de discorde C'est un seigneur, un mendiant, un ingénu Qui nous maintient sous ses ordres Et l'inconnu dans la maison est la seule trace d'une âme Il est la crainte du temps, il est les mots du poème Il est l'ange et le démon, le sacré et le profane C'est lui qu'on devrait prier, c'est lui qui tient C'est lui qui tisse la trame C'est lui, c'est lui qui tisse la trame (C'est lui qui tisse la trame) (C'est lui qui tisse toute la trame)