Cétait un maître louvetier, qui s'en allait chasser en plaine Il s'en allait par le matin, armé d'un pique et d'un gourdin A sa ceinture une cartouchière, et son fusil en bandoulière A peine à l'orée du Grand Bois, qu'il entendit comme une plainte Comme une plainte, comme une voix, comme un animal aux abois Comme une chanson fantastique, sortant d'un conte maléfique Mais quel fut son étonnement, voyant gisant un homme à terre Un homme réclamant son trépas, se disant victime du sabbat Pour conjurer ici l'affaire, frappez moi d'une balle aurifère Le louvetier s'est approché de l'homme à l'allure bien étrange Et mit la main dans son cabas, pour sortir du pain qu'il donnât A l'homme-loup surpris que l'autre, lui donnât là son pain d'épeautre Quand il eut fini de manger, le loup-garou se tint le ventre Se tint la tête, se tint les pieds, et de se métamorphoser Se libérant du mauvais charme, cet homme retrouva son âme Je te remercie louvetier, tu m'a bien tiré de la peine Par ce pain que tu m'a donné, le loup en moi fut libéré Tu m'as sauvé de l'infortune, de l'ensorcellement de la lune