Quand descend le soir Je vais seul m'asseoir Sur le banc de bois Mais tu n'es pas là J'entends les pigeons Qui roucoulent en rond J'entends les enfants Qui s'amusent à la guerre, aux éléphants, gaiement Je vois, tour à tour Les amants d'amour Échanger entre eux Des baisers voluptueux J'entends la chanson d'l'automne Dans les arbres qui frissonnent Quand descend le soir Que je vais m'asseoir Sur le banc de bois Mais tu n'es pas là Je vois une statue Cet homme de vertu A bien mérité la postérité Ses cheveux trop longs Tombent sur son veston Son sourire figé Convient mal à son air un peu trop négligé Destin des statues D'être là, têtues Au fond des allées Tristement, pour nous rappeler L'inventeur d'la pomme de terre Ou celui du paratonnerre Quand descend le soir Que je vais m'asseoir Sur le banc de bois Mais tu n'es pas là Le soleil s'éteint Jusqu'à d'main matin Les reflets, dans l'eau Sont ceux des vélos Les cinés s'allument Et, déjà, la brume Enveloppe les toits Enveloppe les bois et tout' la ville se noie Dans un flot d'passants Au rythme incessant C'est l'instant joyeux C'est l'instant d'un monde merveilleux C'est la foire des Invalides Aux petites autos, je m'décide Quand descend le soir Que je vais m'asseoir Sur le banc de bois Mais tu n'es pas là