J'ai vu dans son vol blanc et majestueux Une mouette arriver du grand large Elle s'est posée sur l'eau près de la plage À côté des rochers Un peu après, en vain, elle a essayé de repartir En s'agitant désespérément Alors, je suis allé la ramasser Ses plumes étaient noires Toutes collées par le mazout Parfois, le vent léger faisait bouger son aile Je la tenais serrée, serrée tout contre moi Tâchant de retenir la vie qui partait d'elle D'alléger sa souffrance et calmer son effroi J'ai versé, je l'avoue, dans la mer une larme Mais qu'est-ce dans les flots que le bleu d'un sanglot Quand gluante est l'écume et quand noires sont les lames Couvertes du pétrole des soutes d'un cargo? Pauvre mouette, toi qui croyais Près de la terre te reposer! Il parait qu'autrefois tous les grands capitaines S'en allaient droit au vent au fond des océans Mais sont-ils des marins tous ceux-là qui s'en viennent Pour faire mourir la mer et ce qui est dedans? De ses yeux étonnés de souffrir mais sans haine L'oiseau me regardait et ne comprenait pas Moi, je tournais la tête et de honte et de peine En sentant dans mes mains son cœur devenir froid Parfois, le vent léger faisait bouger son aile Je la tenais serrée, serrée tout contre moi Tâchant de retenir la vie qui partait d'elle En sentant dans mes mains son cœur devenir froid