Tiens, voici la marée qui revient s'inviter Le ressac régulier dans mon ventre blessé Je suis un sablier depuis l'éternité Un sablier de sang, un sablier cassé Tiens, voici la marée qui revient s'inviter Il faudrait dénombrer les rivières versées Les frissons inquiétants, les secousses glacées Il faudrait refermer cette plaie veloutée De l'automne au printemps, de l'hiver à l'été Il faudrait dénombrer les rivières versées Petit martyre, j'en ai assez Il faut partir car ton heure est passée J'ai donné, j'ai donné, j'ai donné Merci, j'ai donné Ma terre était féconde au moment de semer Elle est devenue ronde à force d'être aimée Plus personne à la ronde ne la désarmait J'étais un nouveau monde, une lampe allumée Ma terre était féconde au moment de semer Qu'il me fut doux le temps de la mer sans marée Sans la marée de sang, chaque mois remontée Presque une année à blanc sans les jours à compter J'étais un océan, un bateau amarré Petit martyre, j'en ai assez Il faut partir car ton heure est passée J'ai donné, j'ai donné, j'ai donné Merci, j'ai donné J'ai donné, j'ai donné, j'ai donné Merci, j'ai déjà donné J'ai donné, j'ai donné, j'ai donné J'ai assez donné Tiens, voici la marée qui revient s'inviter Le ressac régulier dans mon ventre blessé Toujours à me saigner sans jamais se lasser Mais elle a fait son temps, mon ennemie jurée Je veux dire en dansant adieu à la marée Je veux dire en dansant adieu à la marée