Jamais je n'oublierai la couleur de ton île Le bleu-vert du lagon, immobile Les routes dévalées dans les matins d'avril L'air est doux quand on est en exil Jamais je n'oublierai l'immensité sauvage Le rose sur les murs du village Les toits de tôle claire qui sourient aux nuages L'air est doux quand il est d'un autre âge Et la lenteur, la lenteur Règne sur les corps et les cœurs La lenteur Jamais je n'oublierai la plage éternelle Où l'herbe pousse encore en dentelle Où le vent sur la peau jette un voile de sel L'air est doux quand la mer est si belle Jamais je n'oublierai le jardin des limons Les zourites qui sèchent au balcon Et les fleurs en papier sur les nappes en nylon L'air est doux quand le temps est si long Et la lenteur, la lenteur Règne sur les corps et les cœurs La lenteur, la lenteur Je sais au fond de moi que j'aurais pu y vivre Les seins nus, sous mon cuir quelques livres Loin du fracas du monde et de sa marche à suivre L'air est fou, l'air est saoul, l'air est ivre Je n'aurai pas le temps d'inverser ma mémoire De laisser mes armures, mes armoires La place de parking, mon café, mon cafard L'air est fou, l'oxygène se fait rare Jamais je n'oublierai la couleur de ton île Le bleu-vert du lagon, immobile Les routes délavées dans les matins d'avril L'air est doux quand on est en exil La lenteur La lenteur La lenteur