Il serait temps que l'homme s'aime Depuis qu'il sème son malheur Il serait temps que l'homme s'aime Il serait temps, il serait l'heure Il serait temps que l'homme meure Avec un matin dans le cœur Il serait temps que l'homme pleure Le diamant des jours meilleurs Assez, assez, crient les gorilles, les cétacés Arrêtez votre humanerie Assez, assez, crient le désert et les glaciers Crient les épines hérissées Déclouez votre Jésus-Christ Assez, suffit Il serait temps que l'homme règne Sur le grand vitrail de son front Depuis les siècles noirs qu'il saigne Dans les barbelés de ses fronts Il serait temps que l'homme arrive Sans l'ombre avec lui de la peur Et dans sa bouche la salive De son appétit de terreur Assez, assez, crie le ruisseau dans la prairie Crie le granit, crie le cabri Assez, assez, crie la petite fille en flamme Dans son dimanche de napalm Éteignez-moi, je vous en prie Assez, suffit Que l'homme s'aime, c'est peu dire Mais c'est là, mon pauvre labeur Je le dis à vos poêles à frire Moi, le petit soldat de beurre Que l'homme s'aime, c'est ne dire Qu'une parole rebattue Et sur ma dérisoire lyre Voyez déjà, elle s'est tue Mais voici que dans le silence S'élève encore l'immense cri Délivrez-vous de vos démences Crie l'éléphant, crie le cricri Crient le sel, le cristal, le riz Crient les forêts, le colibri Les clématites et les pensées Le chien jeté dans le fossé La colombe cadenassée Entendez-le ce cri immense Ce cri, ce rejet, cette transe Expatriez votre souffrance Crient les sépulcres et les nids Assez, assez, fini