As-tu déjà haï ces heures que tu brûlais Attendant de la vie ce qu'elle te refusait As-tu déjà pleuré sur des regrets amers Plongé dans une larme, comme on sombre dans la mer As-tu déjà souffert bien plus que de raison Pour un amour perdu, pour une folle passion As-tu déjà surpris, dans tes jours, tant de nuits As-tu déjà perdu le sens même de la vie As-tu élevé au rang de demi-dieu Celui qui, devant toi, détournait les yeux As-tu courbé le dos devant l'inacceptable Pour qu'on te trouve beau, pour qu'on te trouve aimable As-tu souvent manqué de foi et de courage Pour pouvoir tout changer, tourner rien qu'une page As-tu souvent douté de la beauté des choses Jusque devant l'aurore fraîchement éclose Moi, je l'ai fait cent fois As-tu rougi des yeux que tu aimais si fort Brisé des cœurs amis, sans raison ni remords Attends-tu trop souvent bien plus que tu ne donnes Submergé par la peur que l'on t'abandonne As-tu déjà haï tout ce que tu es Rêvé d'être celui que tu ne seras jamais As-tu déjà maudit tous les passants qui s'aiment Priant que ce soit toi qu'un jour ces bras étreignent As-tu redouté du matin qui se lève L'aiguille assassine jusqu'au jour qui s'achève As-tu imploré les diables et les dieux Que le temps se suspende, que tu respires un peu As-tu réécrit mille fois dans ta tête L'histoire de ta vie, oubliant les défaites T'es-tu épanché sur l'épaule de ton père Ou en as-tu rêvé, si tu n'as pu le faire Moi, je l'ai fait cent fois Redoutes-tu, de la vie, qu'elle soit trop peu féconde Pour calmer ton ardeur de découvrir le monde Et voir d'autres visages, entendre d'autres mots Bordé de paysages et d'un ciel nouveau Pour conjurer la mort, t'accroches-tu à la vie En existant trop fort, de peur qu'on t'oublie As-tu déjà offert des sourires de façade Un bonheur éphémère comme un château de sable Moi, je l'ai fait cent fois Moi, je l'ai fait cent fois Moi, je l'ai fait cent toi