Tu es une couleur à toi seule Que même les peintres ne connaissent pas Une variété de tournesol Qui pousse en hiver, dans le froid Tu rends le mimosa glaïeul Et les glaïeuls deviennent gagas De se faire sourire à la gueule À chaque fois que je pense à toi Tu es le mot que personne ne connaît Que les poètes recherchent dans la forêt Tu es le verbe au plus-que-parfait Tu es le soleil du mois de mai Tu es le poivre au goût de cannelle Le piment à la saveur du miel L'article qui n'se trouve pas en rayon Celui dont on n'sait même pas le nom Tu es l'irréel, l'immortel Le factuel intemporel Mythologie intégrale Issue d'un rêve en rafale Je te croque sur des pages blanches À l'image de mes nuits Et je tatoue sur tes hanches L'adresse de mes envies Tu es la pluie du jour férié Celle qui m'empêche de sortir Quand tu t'écoules dans mes vallées Ce sont mes torrents qui transpirent Tu es le froid de février Celui qui azure mes paysages Lorsque mes étangs sont gelés Moi je les traverse à la nage Pour te retrouver en cavale Dans un terrier, une cathédrale Je veux bien devenir astronaute Pour te rejoindre dans les étoiles Comme un funambule ambulant Soldat de la guerre de Cent Ans Tu es la lune que j'aimerais décrocher Pour en faire une bague ou un collier Comme un cracheur de feu pyromane J'irai incendier les volcans Pour que la chaleur te chicane Et te fasse suer lentement Je te récolterai en gouttes Que l'on prendra pour rosée Sur les fruits sucrés du mois d'août Que je regarderai pousser Je te ferai bouquet de plumes Feu d'artifice qu'un rien n'allume Et nous écraserons les coutumes Entre le marteau et l'enclume Je t'inventerai des sobriquets À chaque minute de la journée Que je garderai en secret Inscrits sur un papier chiffonné Le même que je gribouille pendant les nuits Ces nuits qui se mutent en années Celles qui auraient pu être si jolies Si tu avais fini par arriver Par arriver d'une autre vie D'un notre Père d'un autre temps D'une intemporelle galaxie Où les croquis deviennent vivants