Elle attend devant la caserne De l'aube aux derniers feux du jour Parfois le drapeau est en berne Mais jamais, jamais son amour Elle guette un regard, un souffle Un pas, un geste, une ombre, un rien Mais ne croyez pas qu'elle souffre Elle l'aime, il vit, tout va bien Et tout ce brouillard dans sa tête Le soir a des parfums lilas Le sergent de garde répète Non, le lieutenant n'est pas là Mais ce lieutenant, elle l'aime Du fond de son rêve indigo Plus qu'elle, plus que son père même Elle s'appelle Adèle Hugo Et toi, devant la mer profonde Toi, poète et proscrit, tu sais Qu'il existe, hélas, dans ce monde D'autres exils que Guernesey Et toi, le rêveur solitaire Tu vois de ton regard géant Qu'il existe, hélas, sur la Terre D'autres gouffres que l'océan Elle a oublié la rancune Et l'amertume et le devoir Elle n'est plus jamais quelqu'une Que pour parfois, l'apercevoir Elle est une petite chose Qui s'est tout abîmée en lui Une lente métamorphose Fait d'elle un papillon de nuit Et toi, devant la mer profonde Toi, poète et proscrit, tu sais Qu'il existe, hélas, dans ce monde D'autres exils que Guernesey Et toi, le vieux prophète triste Qui as combattu l'échafaud Tu sens bien, hélas, qu'il existe D'autres morts que celle à la faux D'autres morts que celle à la faux