La petite drôl' de fille Avec des yeux trop grands Pour ne pas être bleus La petite drôl' d'anguille Avalait en courant La forêt quand il pleut Et la terre sur laquelle elle jetait son corps Comme on s'endort sur l'autre Ce lit où la vie se vautre Ell' jurait que ses mains y défieraient la mort Paul, mon petit Paul, tu vois Ces branches que la pluie Dessine sur le ciel Il m'arrive quelquefois D'imaginer la nuit Des arbres artificiels Et je sais très bien qu'un jour J'animerai la pierr' de mon ciseau-caresse Oui, le marbre a sa faiblesse Et je veux lui donner la forme de l'amour Camille, la vie, c'est le seul vrai mélo Ça part d'un grand éclat de pleurs Ça rit avec des trémolos Camille, la vie, c'est un superbe enfer Et Dieu est un curieux sculpteur Qui tue les statues qu'il préfère La petite drôl' de femme Au fond de l'atelier Du grand Monsieur Rodin La petite drôl' de dame En habit d'écolier Ignorait le dédain Et faisait sourire une âme Aux lèvres de granit Au milieu du grand vide Où le temps sculpte des rides Aux étangs de champagne Et au front d'Aphrodite Oh! Monsieur Rodin, le feu Le feu, je veux pouvoir l'enfermer dans la pierre! Oh! Monsieur Rodin, mes yeux Pourquoi me font-ils mal le soir sous mes paupières? La mort, je n'ai pas peur d'elle Mais j'ai peur que l'amour nous oublie en chemin Nous, les amants immortels Toi, Auguste Claudel Moi, Camille Rodin Camille, la vie, c'est le seul vrai mélo Ça part d'un grand éclat de pleurs Ça rit avec des trémolos Camille, la vie, c'est un superbe enfer Et Dieu est un curieux sculpteur Qui tue les statues qu'il préfère