Par une tiède nuit de printemps Il y a bien de cela cent ans Que sous un brin de persil, sans bruit Tout menu naquit Jean de la Lune, Jean de la Lune! Il était gros comme un champignon Frêle, délicat, tout. Petit, mignon Et jaune et vert comme un perroquet Avait bon caquet Jean de la Lune, Jean de la Lune! Pour canne il avait un cure-dents Clignait de l’œil, marchait en boitant Et demeurait en toute saison Dans un potiron Jean de la Lune, Jean de la Lune! On le voyait passer quelquefois Dans un coupé grand comme une noix Et que le long des sentiers fleuris Traînaient deux souris Jean de la Lune, Jean de la Lune! Quand il se risquait à travers bois De loin, de près, de tous les endroits Merles, bouvreuils, sur leur mirliton Répétaient en rond Jean de la Lune, Jean de la Lune! Quand il mourut, chacun le pleura Dans son potiron, on l’enterra Et sur sa tombe, l'on écrivit Sur la croix: Ci-gît Jean de la Lune, Jean de la Lune! Jean de la Lune, Jean de la Lune!