Tu habites rue de la Madone Une maison qui se déhanche Une maison qui s’tirebouchonne Et qui pleure à grosses planches L’escalier colimaçonne C’est pas grand, non, oh non, mais y’a de la place Tu habites rue de la Madone Et moi, moi, je viens pour le gaz Tu as un boudoir plein d’bouddhas Les bougies dansent dans leurs bougeoirs Ça sent bon, c’est sans histoires Ça ruisselle de taffetas C’est rempli de photos d’toi Qui sommeilles devant la glace Tu as un boudoir plein d’bouddhas Et moi, et moi, et moi, je viens pour le gaz Tu as un vrai divan de roi Un vrai divan de diva Du porto qu’tu rapportas De la Porte des Lilas T’as un p’tit chien un grand chat Un phono qui joue du jazz Tu as un vrai divan de roi Et moi, moi, moi, je viens pour le gaz Tu as des seins comme des soleils Comme des fruits, comme des r’posoirs Tu as des seins comme des miroirs Comme des fruits, comme du miel Tu les recouvres, tout devient noir Tu les découvres, et je deviens Pégase Tu as des seins comme des trottoirs Et moi, moi, moi, moi, je viens pour le gaz Et puis, chez toi, y a le plombier Y a le bedeau et y a le facteur Le docteur qui fait le café Le notaire qui sert les liqueurs Y a la moitié d’un artilleur Y a un poète de Carpentras Y a quelques flics, oui, et puis la main de ma sœur Et tout ça est là pour le gaz Allez, allez-y donc tous, rue de la Madone C’est pas grand, non, mais y a de la place Allez-y donc tous, rue de la Madone Et dites bien que c’est pour le gaz